Crémant : coup d’envoi lundi

Les premiers coups de sécateurs sont prévus le 12 septembre pour les crémants, et à partir du 22 pour les vins tranquilles. La date d’ouverture des vendanges a été définie consensuellement par l’Association des Viticulteurs d’Alsace (AVA) hier à Colmar. Le vignoble alsacien espère renouer avec une récolte normale de plus de 1 100 000 hl. Il en a beCrémant : coup d’envoi lundi

Sur les coteaux du Brand, le raisin achève sa lente maturation au soleil. PHOTO DNA-jluc syren 

 

Le démarrage de la campagne 2016, comme les rendements attendus, marquent un retour à la normale, après un millésime 2015 caniculaire et précoce rentré une dizaine de jours plus tôt. Cela ressemble à 2013, les volumes en plus.

Cette année, les viticulteurs sont dans les starting-blocks et ils ont le sourire. La récolte s’annonce plus généreuse, avec une prévision de 1 180 000 hl, en augmentation de 19,80 % par rapport aux maigres volumes de 2015. Elle permettra au vignoble de reconstituer ses stocks, au plus bas après trois faibles millésimes successifs. A fin juillet, les disponibilités de vins d’Alsace, avec 1 450 000 hl, étaient en recul de 1,5 % sur un an et de 6,3 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Une belle récolte, mais hétérogène

Face au besoin de remplir les caves, le conseil d’administration de l’AVA a demandé une hausse du rendement moyen par exploitation à 83 hl/ha pour les blancs, avec le maintien du butoir à 80 hl/ha pour le pinot gris, le gewurz et le riesling. Il y va de la « noblesse de ce dernier cépage, qui ne doit pas servir de variable d’ajustement », a justifié le président de l’AVA Jérôme Bauer.

Mais la belle vendange prévue est aussi « très hétérogène » selon les zones et les parcelles. Dans certains secteurs, les vignes ont souffert du gel, du mildiou, puis de stress hydrique, et par endroit le raisin est brûlé. Le vignoble alsacien atteindra-t-il les 1 180 000 hl prévus ? Prudence. Il a eu en tout cas plus de chance que la Bourgogne, la Loire et la Champagne, qui ont perdu 20 à 30 % de leur production suite au gel et à la grêle. Eric Meistermann, directeur de l’IFV (Institut Français de la Vigne et du Vin), juge le potentiel « qualitativement » et « potentiellement bon » malgré les disparités entre les parcelles et les problèmes de stress hydrique. Les raisins mûrissent bien. Le dernier contrôle de maturité effectué hier montre une augmentation moyenne de 1,2° d’alcool potentiel sur une semaine et une acidité plus basse que l’an dernier.

Le débat, hier, a moins porté sur la date des vendanges que sur la chaptalisation. L’année est difficile et les viticulteurs craignent toujours les attaques de la drosophile suzukii. Par précaution, il a été décidé d’autoriser une légère augmentation de l’enrichissement en sucre qui passe de 0,5° à 1° pour les pinots gris et les gewurztraminers et de 1 à 1,5° pour les autres cépages blancs.

Le cheval de bataille de la profession reste la valorisation du prix du raisin, « qui ne suit pas la flambée des cours du vrac ». L’AVA y est allée de sa recommandation syndicale : + 4 % pour tous les cépages, sauf pour le riesling où la hausse préconisée est de 6 % (ce qui fait 1,56 euro le kilo), « pour que ce cépage reste le fleuron de l’Alsace ».

Les maladies du bois, nouveau fléau de la vigne

Après les intempéries, la mouche asiatique, Jérôme Bauer a pointé un autre désastre qui menace le vignoble : les maladies du bois qui déciment la vigne. « Avec un taux de mortalité des plants de 10 % par parcelle, il s’agit d’un nouveau fléau face auquel nous sommes démunis ». Il évalue le coût à 15 millions d’euros pour la seule replantation. La profession a alerté les pouvoir publics et a obtenu des engagements financiers sur le lancement de programmes de recherches national et européen.

Mais jugeant la recherche scientifique pure « un peu déconnectée » du terrain, la production mobilise la base. Les responsables de l’AVA souhaitent que la viticulture planche avec ses partenaires (CIVA, chambre d’agriculture, INRA, IFV) à l’élaboration de solutions », sur le modèle du programme de réduction des intrants conduit par le syndicat viticole de Westhalten. Ils espèrent avoir le soutien financier de la Région pour mener ces travaux sur le terrain de la lutte contre les maladies du bois.

 

Source DNA le 7/09/2016